Prénom, mon idôle !
A l'image actuellement des «boy's band», dont l'impact sur les adolescentes est énorme, ces jeunes sont choisis bien évidemment en fonction de critères bien spécifiques, physiques essentiellement, ils sont bien évidemment plusieurs, pour tous les goûts, un blond, un brun, un mat de peau; l'opposition «voyou» - «bcbg» est indispensable. Ces groupes portent tous un nom, mais c'est au travers des prénoms de chacun des membres que le lien imaginaire va se créer avec les «fans». Ce dernier «hystérique» ne dévoile sa passion dévorante qu'en l'appelant par son prénom. Ce n'est pas «Halliday, je t'aime», mais «johnny, je t'aime». Cette familiarité est de mise présupposant une connaissance intime de l'intéressé. Le fan connaît tout de son idole : ses goûts, ses envies, son quotidien, etc... du moins ce qu'en dévoile les médias. C'est à partir de cette idée : puisque je connais beaucoup de choses de mon idole, j'en suis forcément proche que le fantasme fait alors le reste, crée la réciprocité...
Un fait est d'ailleurs assez intéressant à noter. Prenons le groupe français «two be three» s'associant phonétiquement à «to be free» (être libre), dans le cas d'un adolescent, le nom de ce groupe n'est pas hasardeux. Ensuite les prénoms : Adel, Philip, Franck. Adel est une masculinisation de Adèle, philip n'a pas son orthographe française traditionnelle, Franck est un prénom générique franco-anglo-saxon. Là aussi le choix du prénom est mûrement réfléchi, qu'il s'agisse du vrai prénom des chanteurs ou non. Dans les parodies des «boys band», les chanteurs s'appellent Marcel, Raymond, Fernand, quelque peu décalés avec les prénoms à la mode. D'ailleurs aujourd'hui, beaucoup d'enfants naissant se prénomment comme l'idole de leurs parents. Le choix est essentiellement lié à la mère d'ailleurs. Une projection de l'homme idéal, les groupes ou chanteurs représentent nos «princes charmants» des temps modernes.
La Coupe du monde foot en 1998 a donné une multitude de «nouveaux» prénoms qui jusqu'alors n'étaient pas usités. Et si la France avait fait piètre figure dans cette compétition ? En tout cas, de nouveaux héros nationaux sont nés et quelques mois après fleurissaient dans nos maternités des Zizou, Youri, Aimé, alors que ce dernier était tombé en désuétude depuis des années. Une façon d'«immortaliser» l'événement sur plusieurs générations ? Un hommage ? Ou plutôt dans l'euphorie de la victoire s'attirer à soi cette réussite. On ne dit pas la France a gagné, mais «ON» a gagné. Comme si le spectateur avait autant sa part que le joueur sur le terrain. Il s'agit bien de projection. Les médias se sont faits l'écho de cette «union» retrouvée. Cette communion, image d'une France multi-raciale qui a servi d'illustration à ce visage à multiples facettes. Ces quelques mois ont permis d'oublier tout le reste, soucis entre autres. En prénommant son enfant Zizou, le «ON» prend encore plus d'ampleur, on domicilie chez soi un titre. On affirme encore plus sa présence à l'événement.
Cette démarche a été beaucoup critiqué, mais le modèle Zizou est un «héros» national, l'image de quelqu'un a qui tout réussit. Prénommer son enfant ainsi, c'est vouloir lui donner ce bagage, cette symbolique lié au footballeur.