Prénoms
(dans l'ordre de l'état civil)
Il est une tradition que de donner 3 (voire 4, 7, si si cela existe) prénoms à l'enfant qui vient de naître. Son prénom dit usuel et deux autres. Suivant les milieux on rajoutera le prénom des deux grand parents paternels : Pierre, Eugène, Paul ou maternels : Alexandra, Marguerite, Octavie, suivant qu'il s'agit d'un garçon ou d'une fille. Le prénom des parrain et marraine est aussi utilisé, on pourra retrouver : Alexandre, Pierre, Jeanne ou bien Célia, Jeanne, Michel. Nous avons vu précédemment la problématique posée par les prénoms composés, mais ceux-ci restent néanmoins plus rares. Alors qu'ici ces trois prénoms sont imposés par l'Etat civil. Non content d'imposer une identité triptyque, on rajoute dans le cas du choix lié au parrain, marraine, un tri-personnage augmenté d'une dualité de sexe. Sorti du contexte de tradition, dans certaines familles, les deux voire trois prénoms sont liés au «goût» des parents. Ce cas se rencontre assez fréquemment lorsque les parents cherchent à choisir le prénom de l'enfant. Lorsque deux prénoms ont leurs faveurs et qu'ils n'arrivent pas à se décider, on ne s'embête plus, on garde les deux, le premier, de façon caricaturale, étant «tiréau sort». L'enfant, lorsqu'il n'est pas lui-même le fruit du hasard, c'est son prénom qui le devient. Evénement que des parents n'avoueront jamais à leur enfant et souvent non plus à eux-mêmes.
Que dire alors de cette fameuse séance : si c'est un garçon on l'appelle X, et si c'est une fille on l'appelle Y. Si c'est un garçon que l'on souhaite et qu'une fille arrive, Alexandre se transformera en Alexandra. Pour le deuxième prénom, on assiste à un «tout, tout de suite». On aime bien tel prénom masculin et tel prénom féminin, l'enfant doit donc posséder les deux, qui sait si le couple en aura un deuxième. Alors dans ce doute l'enfant porte deux prénoms qui auraient du appartenir à deux individus différent, le deuxième étant adapté au sexe de l'enfant. Il y a bien une véritable réflexion dans ce choix là. Un prénom pour la vie, phrase presque devenu proverbe donne lieu également à nombres de tergiversations. Souvent des compromis doivent avoir lieu entre les parents, chaque adulte ayant ses propres goûts, ils se doivent, à un moment ou un autre composer ou subir. L'un du couple imposera le choix, l'autre agréant ou bien il faut composer. On en arrive même à des «libertés de choix» suivant le sexe de l'enfant. La femme décidant si c'est un garçon, l'homme si c'est une fille par exemple. Et tout se complique lorsque le couple est issu de deux traditions différentes pour les deuxième et troisième prénoms, suivant que ce soit d'office les prénoms des grands-parents ou des parrain-marraine, là encore on se heurte inévitablement à un conflit qui peut devenir majeur. Pendant ce temps là, l'enfant lui dans le ventre de sa mère continue son développement. Ne parlons pas alors d'une belle-mère ou d'un beau père que l'on déteste et dont le prénom aura le privilège d'être porté par son enfant.
Dans les couples métissés ou deux cultures différentes : un africain et un occidental par exemple, le prénom va se heurter aux deux traditions. Quel sera son premier prénom : Mathieu ou Mohamed ? Si le père est arabe est que son fils lui ressemble comment pourra-t-il s'intégrer dans la société si Mathieu le définit. Certains couples utilisent ce choix pour justement, pensent-ils, l'aider à mieux s'intégrer. Le cas paradoxal est celui du suédois, grand, blond aux yeux bleus qui se prénommerait Mohamed. Nous en sommes encore dans une société où le prénom Abdel est associé à un physique bien particulier, où le prénom Helmut également.
Quel comportement inconscient cela amène-t-il à l'un des parents, s'il se retrouve frustré dans le choix du prénom. Il faut pourtant bien déplacer cette «rancoeur», ruminer cette insatisfaction. Qui d'autre que le nouveau-né est mieux placé pour le supporter et surtout le rappeler en permanence au parent laissé pour compte.