Monsieur et Madame ont un fils...
Le choix du prénom est désormais libre depuis 1993. Les parents n'ont plus l'obligation de trouver dans le calendrier des saints, celui ou celle que portera son enfant. L'officier d'état civil pouvait refuser sur son bon vouloir un prénom. Ce n'est plus le cas et les excès ne sont plus rares malheureusement. A Monsieur et Madame Toulemonde qui avait appelé leur jumelle Pacôme et Côme, imaginez les réactions à l'école à l'appel de leur nom : Comme Toulemonde et Pas comme Toulemonde (phonétiquement). Nous voyons alors apparaître des prénoms les plus ahurissants, lorsqu'ils sont liés au nom. Cette femme qui sentant ses contractions se rapprocher décida de se faire emmener à l'hôpital, perdit ses eaux dans la voiture, les pompiers intervinrent sur le périphérique nord de Paris, l'accouchement se termina à la maternité. Quoi de plus naturel alors que de prénommer son enfant Périphérique Nord ? L'officier de Mairie réussit néanmoins à faire admettre l'absurdité d'un tel choix, l'enfant se prénomme Périphérique, le «Nord» ayant disparut. Ou encore Monsieur et Madame Capet qui avait le choix entre Hugues et Andy pour leur fils, finalement Andy lui allait beaucoup mieux.
Aussi ahurissant que cela puisse paraître, ces exemples sont véridiques, et dans l'entourage de chacun de nous la preuve se fait. On est pas sans sourire lorsque l'on apprend qu'en certains lieux d'Afrique, l'enfant prend le prénom indiqué sur le calendrier du jour de sa naissance, ainsi naître le 7 Juillet équivaut à s'appeler automatiquement Raoul, naître le 25 Décembre, Noël, le 14 Juillet, «Fetnat». Risible, certes, pour nous occidentaux et les partisans de races pures ne manqueront pas encore de trouver arguments à... Mais en restant en France, prenons un annuaire, nous trouvons dans la famille «BON» des Jean, mais aussi des Jean Jean, des Henri Henri. Les blagues de «Monsieur et Madame ont un fils» ne sont qu'une collection de noms tirés du botin, la plupart existe réellement. Aujourd'hui on nous parle des noms difficiles à porter (qui ne l'était pas d'ailleurs il y a quelques siècles, ils étaient même la fierté de certaines familles), à commencer par Belleverge, Beaucul et l'on se soucie moins de la bêtise de certains au quotidien. Bien évidemment si vous vous appelez Zeblouse vous penserez à prénommer votre fille Agathe, mais de là à passer à l'acte; de là à faire endurer pour une vie à la chair de votre chair, une blague qui vous aura fait rire cinq minutes...
Peut être pour comprendre cette démarche faut-il se demander si les parents ont réellement compris la démarche qu'ils entreprenaient. La portée de l'acte d'enfanter n'est pas si accessible que cela. Les parents ne pensent pas à l'avenir de leur enfant avec un prénom rentrant dans la catégorie «humour» parce qu'ils ne visualisent pas leur propre avenir. Une certaine peur, angoisse du lendemain plus que de la bêtise humaine. Ces lignes ne sont d'ailleurs pas faîtes pour juger mais pour permettre au lecteur de répondre lui-même à ses propres interrogations. Ce qu'il faut remarquer dans les «Monsieur et Madame ont un fils», c'est que le caractère ne prend son grotesque que lorsqu'il est associé au nom de famille. Andy est un prénom assez usité, c'est Andy Capet qui l'est moins. Il semblerait qu'il y ait une volonté inconsciente du parent de rendre leur fils ou leur fille unique, à part. D'ailleurs les noms qui prêtent à confusion ne peuvent plus l'être lorsque les parents ont devancé la moquerie. Elle est déjà faite et ne permet plus à l'entourage de déclinaison. Le jeu de maux devient un simple jeu de mot.