La relation à l'argent
et le "psy"
On parle d'investissement financier nécessaire aux bonnes fins de l'analyse, à savoir que l'argent est une prise de moyen pour lever certaines résistances et permettre à la cure d'avancer. On dit aussi que la formation de psychanalyste coûte très cher et qu'il s'agit pour ce dernier de «récupérer» sa mise. Je ne sais pas s'il s'agit de simples prétextes ou si l'argent a réellement une telle importance dans une thérapie. Dolto avait installé un paiement symbolique avec les enfants, pierres ou autre mode de règlement. La relation à l'argent correspond à un déplacement affectif, il est lié au stade anal. Tout l'avenir d'un être humain dépend de ce stade, de sa «production» primaire excrémentiel que l'on retrouve dans l'avenir à commencer par le travail, les oeuvres artistiques et même les loisirs. Alors l'argent dans la cure... si chaque individu a son vécu propre à lui, chaque séance est unique et le prix de celle-ci devient fonction seule de ce qui lie ces deux êtres. Tout dépend de ce à quoi répond la fonction de production d'autant plus si l'on parle de rendement dans un travail sur soi.
Je me demande si l'argent n'est pas une barrière indispensable qui se dresserait entre l'analyste et l'analysé, une forme de dépersonnalisation de la relation. L'analysé venant trouver une ou des clés de compréhension de lui-même, l'analyste percevant une rémunération pour cette écoute l'empêche de une forme fusionnelle d'inconscient. Pourtant si l'inconscient est un lieu, qu'il ne prend sens que par l'écoute, si il n'y a pas des mais un inconscient «commun?» au deux, cette barrière protectrice ne réduirait-elle pas la portée du dit interprétatif ? Est ce que l'argent n'empêche pas finalement à l'analyste un retour trop important sur sa propre analyse passé. On évite ainsi le sentiment amoureux de s'installer ou toute autre forme. Il est certain qu'une relation bien particulière s'installe. Les séances à la chaîne, 8, 10 «clients» par jour répondent-elles bien à l'essence même de la psychanalyse, on ne peut passer d'une névrose obsessionnelle à l'autre comme on tourne les pages d'un livre, un «client» ne se zappe de cette façon là si l'on s'investit dans le discours. L'analyste ne se réduit pas à une machine à entendre, encore moins moins à un karaoké analytique. Le dit interprétatif vient de cette relation transférielle installée, je doute des capacités d'écoute si celles-ci s'étendent huit heures par jour, on est plus dans une thérapie ou psychanalyse mais comme confident-hypocrite écoutant les problèmes des autres. La fin de la journée doit-elle se cantonner à compter la caisse ? La psychanalyse ne s'enseigne pas, elle se transmet et c'est dans la pratique que jour après jour l'analyste avance un peu plus dans la voie de la connaissance insondable. Combien, investit pleinement dans leur «acte», se disent «aujourd'hui telle séance m'a encore appris» ?